Léon Mitouard. L'hospitalité kirghize

9 février

Au Kirghizistan, les relations sociales m'apaisent.

Ce matin, dans mon lit vers 9 heures, Eska entre dans ma chambre un sourire aux lèvres. C'est l'heure de donner à boire aux chevaux. C'est dans ce décor matinal que la vie commence. Deux troupeaux de moutons s'abreuvent, des poulains libérés de leur enclos jouent, les vaches se dispersent dans les steppes environnantes.

Et avec cela, mes premières interactions sociales de la journée: les quelques fermiers qui promènent leurs troupeaux me saluent et engagent la conversation en kirghiz. La communication est difficile, mais leurs sourires parlent plus que tous les mots. Eska chante, siffle, rit.

14 h, l'heure des courses. Je prends un taxi pour la ville voisine. Discussion en kirghiz avec le chauffeur, échange de banalités, mais croisement de regards profonds et de sourires véritables. Dans le bazar, les gens m'interpellent pour me dire bonjour, on me demande si j'aime le Kirghizistan: Ooba! (Oui!) Ils sourient timidement, semblent heureux. Je retourne à la ferme.

19 h, le travail avec les chevaux est terminé. L'heure est au thé. Ce soir, trois enfants nous ont rejoints à la ferme. Soirée découverte de musiques françaises puis kirghizes. Papouilles au chat, repas partagé. Conversations faites de gestes, de mimiques et de rires. L'atmosphère est chaleureuse.

Fin du repas, Eska prend l'aspirateur sans nous demander et nettoie la pièce pendant que Begzia fait la vaisselle. Puis, ils nous remercient et s'en vont.

Les enfants ici semblent heureux, leurs sourires ne s'effacent pas. Leur curiosité semble infinie. Ils aiment discuter avec moi, me montrer leurs découvertes.

Cette hospitalité que je ressens découle peut-être du fait que je suis une anomalie dans une région où les touristes se font rares. Pourtant, même entre eux, je perçois des relations de confiance qui semblent fortes, où l'hypocrisie laisse place à la sincérité.

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